En matière de prospective, en particulier dans le domaine des matières premières, tout est possible, mais son contraire aussi, tellement l’influence des forces spéculatrices peut se faire sentir. Le meilleur moyen d’approcher la vérité est de chercher « où » se trouve l’intérêt de ceux qui influencent ces mêmes forces spéculatrices.
L’Amérique et ses alliés européens ont perdu la guerre de l’Ukraine.
Malgré leurs rodomontades, les Américains et leurs alliés allemands et polonais ont définitivement perdu la guerre d’Ukraine. Le pays dont la dette publique représentait à peine 40% du PIB en 2013 est endetté aujourd’hui à plus de 95% de ce même PIB. Il ne tient que grâce aux milliards que lui verse le FMI en contradiction avec ses propres règles qui lui interdisent de financer un pays en guerre. Les emprunts sur les marchés sont quasiment impossibles, pour l’agence de notation Moody’s, le risque de défaut de l’Ukraine avoisine 100%. Le pseudo blocus de la Russie organisé par les politiques américains a eu pour conséquence un contre blocus qui achève l’économie ukrainienne. Le débouché naturel de l’agriculture ukrainienne était la Russie. Le débouché naturel de l’industrie ukrainienne était la Russie. Le fournisseur d’énergie de l’Ukraine était la Russie. C’est aujourd’hui la paralysie complète. L’Ukraine a compris qu’elle ne réussirait jamais à vaincre militairement les insurgés russophones. Elle est contrainte de reconnaître de facto sa défaite. C’est pour cela qu’elle vient de nommer un leader « ultra nationaliste » (en réalité nazi) auprès de l’Etat Major de l’armée afin qu’il facilite le dépôt des armes et le respect des accords de Minsk aux troupes irrégulières qui ne cessent de harceler les insurgés, persuadés de poursuivre le combat de leurs prédécesseurs de l’OUN. Les projets d’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN sont officiellement reportés, l’entrée de l’Ukraine au sein de l’UE est rangée dans l’armoire aux arguments démagogiques abandonnés, la chasse aux corrompus commence, bref, la normalisation est en marche. Le sauvetage de l’Ukraine passe obligatoirement par l’Ours qui, intelligemment, attend pour poser ses conditions d’un retour à la normale.La levée des mesures d’embargo à l’égard de la Russie conduira celle ci à « faire un geste »
Comme nous l’avons évoqué dans d’autres articles, la plongée des cours du pétrole n’a d’autre origine que la volonté de « certains » (certains pays, certains acteurs) de tuer le marché florissant du pétrole de schiste qui permettait aux USA d’aspirer à l’autonomie énergétique. En faisant plonger les cours du pétrole en dessous du prix de revient d’extraction du pétrole de schiste, ce dernier était condamné. Cela ne pouvait se faire sans le consentement au moins tacite de la Russie, premier producteur mondial. La crise de l’Ukraine et les mesures d’embargo stupides prisent par les USA ont conduit Poutine à accepter l’épreuve de force et à laisser faire les Saoudiens. Certes, il savait que cela handicaperait un temps son économie, mais il savait aussi que la situation saine des finances publiques russes, que les débouchés sécurisés sur l’Asie l’autorisaient à faire « la nique aux Yankees ». Aujourd’hui déjà, alors que nous ne sommes qu’au préambule de la normalisation, le rouble, qui avait perdu à la suite de manœuvres spéculatives de fonds américains plus de 60% de sa valeur, a, en quelques jours, refait près de la moitié du chemin.Les restructurations d’entreprises repartent
Signe de la sortie prochaine du tunnel, les acteurs se mettent en ordre de bataille. C’est ainsi que nous apprenons que Royal Dutch Shell, le numéro un du secteur de l’énergie britannique, a conclu un accord pour racheter le numéro trois, BG Group, pour 47 milliards de livres (64,34 milliards d’euros), réalisant la première méga-fusion dans le secteur pétrolier depuis des années. Aux Etats Unis, les compagnies qui disposaient de plus de cash ont racheté des gisements à de petites compagnies qui ne pouvaient passer le cap de cette crise, même avec les aides.Est ce que pour autant on peut considérer que le prix du pétrole va repartir?
Les USA, prêts à la contre attaque, remettent l’Iran au centre du jeu.
L’axe majeur de la contre attaque américaine s’opère autour de l’Iran. Le 2 avril dernier, un accord a été signé avec l’Iran qui prévoit une levée rapide de l’embargo à l’encontre de ce pays (embargo qui n’aura duré que le temps de « planter » Peugeot). Certes, cela peut être interprété comme une reconnaissance de la pertinence de la diplomatie russe qui a toujours soutenu la nécessité de s’entendre avec l’Iran, qui a soutenu Bachar El Assad en armant les combattants chiites engagés à ses côtés ou en armant les soldats iraniens qui se sont engagés en Irak contre Daesh. Il s’agit beaucoup plus de montrer aux « amis » Saoudiens qu’ils ne sont pas les maîtres absolus de la politique moyen orientale. Et même si Saoudiens et Israéliens agissent de concert auprès de leurs relais au congrès américain pour faire capoter ce rapprochement avant l’accord définitif prévu pour le 30 juin 2015, même si les Saoudiens montrent les muscles avec leur intervention militaire contre les chiites du Yémen (le Yémen n’est pas une priorité pour l’Iran) le mouvement est engagé, le signe est donné. Les USA replacent l’Iran au centre du jeu. C’est aussi dans ce contexte qu’il faut comprendre la soudaine volonté des USA de combattre Daesh, enfant bâtard de leur allié Saoudien né avec leur assentiment et qui survit grâce à leurs alliés Turcs qui acceptent de faire transiter les 400 000 barils/jour de pétrole de contrebande via leurs ports.Retour de l’Iran sur les marchés, normalisation avec la Russie, mise au pas de l’Arabie Saoudite qui aura elle même intérêt à voir ses revenus pétroliers repartir à la hausse, indépendance énergétique américaine (seule « réussite » d’Obama en 8 ans de mandat), tous les indicateurs laissent à penser que le prix du pétrole va repartir, sans pour autant revenir aux sommets qui furent les siens juste avant la crise, mais à un niveau que nous évoquions déjà ici il y a quelques mois, juste au dessus du coût d’extraction du pétrole de schiste. Ajoutons pour mémoire qu’un pays comme le Venezuela qui est aujourd’hui en complète déconfiture, le pétrole ne permettant plus de combler les dépenses astronomiques mises en place par le gouvernement socialiste, risque de connaître très probablement rapidement un « changement » de gouvernement qui aura, lui aussi, bien besoin d’un retour de la manne pour calmer les ardeurs populaires. Pour mémoire, de nouveaux pays arriveront sur le marché du pétrole (comme le Mozambique par exemple) en cette fin d’année et dans le courant de l’année prochaine.