La production pétrolière mondiale peine déjà à satisfaire la demande et elle ne peut pas se passer des 3,6 millions de barils/jour irakiens. Les champs du pays sont tous gérés par des entreprises étrangères et garder les vannes ouvertes devient une mission impossible. Les spécialistes et les expatriés ont été évacués du pays.
En temps normal, même sans une baisse de production en Irak, il pourrait manquer 900'000 barils/jours d’ici à septembre alors que le baril est déjà à plus de 113$.
Si l’Irak n’arrive plus à exporter son pétrole, les autres membres de l’OPEP n’arriveront pas à combler cette perte. L’Arabie Saoudite est à son maximum de production. La Lybie, le Nigéria, le Venezuela voient leurs exportations chuter depuis plusieurs mois. Seul l’Iran semble être apte à combler une partie de la perte. Et là, nous ne parlons pas de peak oil, mais de l'incapacité des producteurs à livrer les marchés.
Les Forces en présence : Chiite et Sunnite
Pour tenter de comprendre le tableau géopolitique actuel, voici avec un gros coup de pinceau les forces en présence:A) Du côté Chiite: le premier Ministre Nouri Al-Maliki , l’Iran et les USA.
B) Du côté Sunnite : l’Arabie Saoudite et le Qatar (qui soutiennent les salafistes en Syrie contre le chiite Bachar Al-Assad). L'ancien dictateur Sadam Hussein était également Sunnite.
C) Au Nord : les Kurdes sont majoritairement sunnites avec une frange islamiste dont certains membres ont intégré les miliciens de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL).
Le Pétrole et les Kurdes
Le degré d’autonomie des Kurdes irakiens est déjà très avancé et la vente de leur pétrole s’effectue via la Turquie.Tandis que les miliciens de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) progressaient vers Bagdad, ils ont pris possession entre autres de l'intégralité de Kirkouk et de ses gisements pétrolifères.
Les vastes ressources pétrolières de Kirkouk et de ses environs pourraient à elles seules assurer la viabilité financière d'un Etat souverain et finalement libérer les Kurdes du Premier Ministre chiite Nouri al Maliki. Mais cette option pourrait prendre du temps.
Cerise sur le gâteau, l'EIIL s'est emparé de 492 millions de dollars à la banque centrale de Mossoul ainsi qu’une bonne quantité des armes militaires de l’armée.
Le Sud du pays qui bénéficie des plus importantes installations pétrolières, tout semble calme, mais pour combien de temps?
USA - Iran
Le Président Obama semble jouer la montre et a demandé à l’Iran d’intervenir. Mais la hausse des prix du pétrole et la menace sur son économie vont le ramener aux réalités.Une option serait d’autoriser l’Iran à continuer son programme nucléaire en échange de l’augmentation des exportations de pétrole ainsi que d’user de son influence sur le terrain. Cette arme est à double tranchant. Elle permettrait à l'Iran des entrées financières bienvenues et lui permettre de développer son armement nucléaire.
Mais dans les mois à venir, il n’est pas certains que l’Iran puisse extraire de son sol des millions de barils/jour avec des installations aussi vétustes. Il faudrait que les majors pétrolières internationales soient autorisées et acceptent de revenir au pays. Et comme dit le dicton: Chat échaudé, craint l'eau froide.
L'Iran et les Etats-Unis, qui ont de fait favorisé l'arrivée au pouvoir des chiites en Irak en renversant Saddam Hussein en 2003, admettent qu'ils sont désormais confrontés à des menaces communes, en particulier au djihadisme sunnite au Proche-Orient.
Iran
Evidemment que l’Iran en remet une couche :« Nous pouvons travailler avec les Américains pour mettre fin à l'insurrection au Proche-Orient. Nous sommes très influents en Irak, en Syrie et dans de nombreux autres pays. »