Alors que jusqu'à ce jour, tous les camps en présence avaient épargnés les installations pétrolières, ce changement stratégique pourrait avoir de lourdes conséquences sur l'économie mondiale!
Entre les parties en présence en Syrie et en Irak, le motus vivendi était: tu ne détruis pas mes installations pétrolières, je ne touche pas aux tiennes notamment dans le sud de l'Irak. Avec la légèreté et l'élégance d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, les américains ont détruit les 12 champs pétrolifères entre les mains de l'Etat Islamique. Comment vont réagir les djihadistes? Vont-ils se sentir libre de saboter les puits, les pipelines, les raffineries du sud de l'Irak?
Dans un marché pétrolier mondial hyper tendu, les 3 millions de barils jour du sud de l'Irak sont essentiels au fonctionnement de l'économie globalisée. Si l'Irak devait diminuer sa production, suite à des sabotages de l'EI, les capacités de réserves de l'Arabie Saoudite et des autres producteurs n'arriveront jamais à combler ce manque. Nous risquons de voir le pétrole jaillir des 100$ le baril pour atteindre une limite qui mettra à mal l'économie mondiale.
L'action américaine privilégie la sécurité et espère que le flot pétrolier continuera à couler, sinon... C'est un pari risqué, mais l'important, dans un premier temps, est de rassurer la population européenne, russe et américaine.
(en rouge, les champs de l'EI en vert les champs du Gouvernement Syrien, Kurde ou Irakien)
L'Importance du pétrole pour l'Etat Islamique
La manne du pétrole pour l'organisation jihadiste représente entre 2-3 millions $ par jour (50 à 100'000 barils par jour) et permet avant tout d'alimenter les troupes en carburant. C'est le nerf de la guerre. Les jihadistes réquisitionnent les ingénieurs sur les gisements pour assurer la production et monter des raffineries de fortune dans des champs pétroliers presque à sec.Le carburant est de mauvaise qualité, principalement du diesel, mais il permet de remplir les réservoirs des 4 x 4, des camions et des chars. Le diesel qui reste est vendu aux populations locales irakiennes, mais aussi en contrebande de l'autre côté de la frontière, en Turquie à des prix cassés (1/3 des prix du marché).
Des centaines de camions citernes transitent ainsi vers le Kurdistan irakien et la Turquie ou le pétrole brut est mélangé au pétrole d'autres provenances. Il est ensuite racheté par des intermédiaires qui le revendent en Europe.
Cependant bien que les revenus pétroliers sont importants, nous sommes loin des 500 millions de dollars tirés du seul braquage de la Banque centrale de Mossoul !