En récession, l'Europe utilise moins d'électricité et du coup les prix baissent. Cette semaine, sur le marché de gros, en Allemagne, ils sont tombés à leur plus bas historique alors que le gaz reste à un niveau élevé.
Les centrales à gaz européennes presque en panne
Aux prix actuels, une centrale au gaz allemande perd 12 euros par mégawattheure et le charbon offre la meilleure alternative financière. Ainsi, au lieu de fonctionner de 5 à 6'500 heures par an, la plupart des centrales à gaz européennes produisent pendant 2 à 3'000 heures par an pour compenser les peaks de consommation. Certaines unités sont presque entièrement à l'arrêt pendant que d'autres ferment. En tout cas, plus aucune nouvelle centrale à gaz n'est construite.Il n'y a pas si longtemps, nous prévoyions une forte hausse de l'utilisation de l'électricité à gaz. Les lobbys avaient réussi à modifier la perception de cette énergie en la rendant "propre" et financièrement viable. De son côté, le charbon semblait condamné à disparaître peu à peu d'autant que la Chine et l'Inde ratissaient le surplus mondial et poussaient les prix du charbon à des sommets historiques. Le succès du gaz était une évidence et les électriciens se sont logiquement précipités dans la brèche.
Les Gaz de schistes américains tuent le charbon US qui s'exportent à merveille en Europe
Aujourd'hui, de la France à la Pologne, c'est un scénario totalement inattendu qui se déroule.En 2012, la consommation de gaz a chuté à 460 milliards de m3 soit le niveau de l'an 2000.
De son côté, le charbon cartonne. Aux USA, le boom du gaz de schiste a fait dégringoler les prix du charbon et celui-ci s'est trouvé un débouché inattendu en Europe. En une année, les centrales à charbon européennes ont augmenté leurs importations de charbon américain de 85%. En France, ou l'inflexibilité de la production nucléaire pousse à la recherche d'alternatives, la consommation de charbon électrique a réalisé une hausse de +79% durant les 12 derniers mois.
Les prix des Quotas de CO2 chutent de 25 à 6 Euro la tonne
Effet de bord dévastateur, la chute des prix des quotas de CO2 ne fait que renforcer l'avantage financier du charbon. Initialement prévu à 25$ la tonne de CO2, aujourd'hui les prix des quotas touchent péniblement les 6$.Malgré le Protocole de Tokyo et les promesses des gouvernements, les vieilles centrales à charbon fonctionnent à plein régime alors que les centrales à gaz, un peu moins polluantes, sont à l'arrêt. Les électriciens européens n'ont jamais autant émis de CO2.
Entre le gaz et le charbon, le rapport de forces s'est inversé et l'écart ne cesse de se creuser.
Il est difficile de définir une projection à moyen terme, mais cette tendance risque de perdurer. Pour que le charbon perde de son intérêt, son prix devrait monter de moitié alors que les coûts du gaz devraient baisser d'un tiers. Du côté de la planète, les quotas de CO2 devrait être multipliés par 4!Cette équation raisonne dans la tête des dirigeants des grands électriciens en France, en Allemagne ou en Suisse. A moins que la pression de la rue en décide autrement. Mais qui est réellement prêt à payer son électricité plus cher?