Pedro Barusco, ex-directeur de Petrobras a affirmé devant une commission parlementaire que le parti des travailleurs (PT), au pouvoir au Brésil, avait reçu «150 ou 200» millions de dollars de l'entreprise publique secouée par un scandale de corruption.
Ce sont les révélations de cet ancien directeur des installations, lui-même impliqué dans le scandale, qui ont conduit à mettre en cause le PT, dont le trésorier, Joao Vaccari, toujours en poste, a été contraint de déposer devant la police.
«Moi, je recevais une partie des pots-de-vin, le PT l'autre. Cela peut être environ 150 ou 200 millions de dollars. Je ne sais pas comment M. Vaccari percevait les sommes, si c'étaient des dons officiels, je ne sais pas. Il y avait une réserve de fonds pour le PT», a déclaré le témoin sous serment lors d'une déposition retransmise à la télévision.
La justice brésilienne enquête sur des dizaines de personnes, des entrepreneurs mais également 12 sénateurs et 22 députés, accusés d'avoir participé à un gigantesque réseau de corruption autour du fleuron de l'économie nationale et plus grosse entreprise du pays, aux mains de l'État.
Argent en Suisse
«Nous réglions toujours ces sujets avec Joao Vaccari. Après, c'est lui qui gérait», a poursuivi cet ingénieur naval entré à Petrobras en 1979 et qui s'est engagé à rendre 97 millions de dollars (96,9 millions de francs) détournés de l'entreprise, cachés majoritairement en Suisse.Le tribunal fédéral brésilien a entre-temps pu bloquer 45 millions de dollars qui se trouvaient sur des comptes en Suisse et rapatrier ces fonds au Brésil, a indiqué mercredi l'agence italienne ANSA. Il s'agit jusqu'à présent de la plus grosse somme d'argent confisquée par la justice dans l'affaire Petrobras.
Pots-de-vin institutionnalisés
«A compter de 2003-2004 (peu après l'élection de Luiz Inacio Lula da Silva (PT) à la présidence, NDLR), il y a eu une phase où les pots-de-vin étaient institutionnalisés. Je sais cela, je ne sais rien de plus», notamment qui a reçu des fonds ou pas, a encore ajouté le témoin.Mardi soir, le PT a reproché dans un communiqué à l'ancien directeur d'accuser sans preuve. Le parti «reçoit seulement des donations dans un cadre légal», précise-t-il.
La police estime que le réseau aurait pu détourner quatre milliards de dollars depuis 10 ans, destinés notamment à financer des hommes et partis politiques de la coalition au pouvoir, via des pots-de-vin et des surfacturations par des entreprises du BTP en contrat avec Petrobras.
Source: ATS