Les données de la commission américaine de la bourse montrent que cette pratique est en porte à faux avec la politique climatique Suisse et sur la propre charte éthique de la Banque qui indique « s’abstenir d'acheter des actions d'entreprises qui causent de manière systématique de graves dommages à l'environnement ».
Plus de 2 milliards $ pour des activités hautement polluantes
Ainsi parmi les 2'458 entreprises américaines qui ont reçu un soutien global de 37 milliards $ de la Banque Nationale, le domaine de l’exploitation de schistes est financé par la manne helvétique. En plus des entreprises actives dans le charbon et les sables bitumineux, 58 entreprises de schiste ont obtenu un montant total de 2,137 milliards $.Une baisse de valeur des actions de 489 millions $
Depuis la chute drastique des prix du baril de pétrole débuté en juin 2014, la Banque Nationale Suisse a continué à augmenter ses investissements et à étendre son périmètre dans de nouvelles entreprises de schiste. Elle a passé des ordres d’achats supplémentaires par centaines de millions $ eux qui atteignaient déjà 1,967 milliards $ en juin 2014.Dans le marasme actuel et l’effondrement des cours, la valeur des actions pétrolières de la BNS ont perdu plus de 489 millions $ entre juin 2014 et mars de cette année et les prévisions ne sont pas au beau fixe. La quantité de junk bond des différentes entreprises de schiste américaines est évaluées à plus de 230 milliards $ et de nombreuses faillites, fusions et restructurations sont à venir.
La savoir des banquiers et brooker américains
Les documents mis librement à disposition par la US Securities and Exchange Commission démontrent l’ampleur des investissements et le nombre d’entreprises impliquées. A l’instar de l’industrie du tabac et des OGM, ou seuls les grands acteurs comme Philip Morris ou Monsanto sont supportées par la BNS, l’industrie de schiste a été presque intégralement financée du plus petit au plus grand.Il est fort improbable que la BNS ait délibérément choisi cette stratégie. Des achats aussi ciblés dans des entreprises aussi méconnues ne peuvent provenir que de traders américains aguerris dans le schiste. Au vue des quantités investies et au nonsense de la stratégie utilisée, on peut se demander si la BNS n’a pas été dupée et, sans le savoir, aurait acquis des actions pourries dont les banques américaines se débarrassent discrètement. Aujourd’hui, la Banque Suisse se retrouve avec des actifs en chute libre dont personne n’en veut.
La Banque Nationale Suisse flouée ?
Pour confirmer cette hypothèse, il suffit de lire la charte de la banque qui indique «la BNS s'abstient d'acheter des actions d'entreprises qui produisent des armes prohibées par la communauté internationale, qui violent massivement des droits humains fondamentaux ou qui causent de manière systématique de graves dommages à l'environnement.»« Ces dernières années, il est clairement apparu que le changement climatique constituait un enjeu de taille pour l’avenir de la planète. Pour relever ce défi, il faut absolument faire rimer impératifs économiques et impératifs écologiques à long terme. C’est dans cet état d’esprit que la BNS assume sa responsabilité écologique ».
Favoriser l’innovation et les technologies propres à la place du pétrole extrême
La Suisse possède de nombreuses entreprises innovantes et des cleantech qui méritent le soutien de ses acteurs financiers les plus influents. Alors que la baisse de l’euro heurte frontalement l’industrie d’exportation, pourquoi ne pas rapatrier ces fonds investis maladroitement aux USA pour promouvoir les technologies propres dont nous avons cruellement besoin?La BNS a l’occasion de faire une pierre deux coups : faire le ménage parmi ses brookers américains et respecter sa charte et son devoir citoyen envers ses actionnaires à majorité dans les mains publiques.
Avec les sources: sec.gov, Le Matin Dimanche