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Laurent Horvath

Laurent Horvath

Les enjeux de la production des Energies sont si importants, qu'ils sont en train de modifier nos vies et l'équilibre du Monde. Mieux les Comprendre aujourd'hui, nous permet d'envisager l'avenir et agir concrètement aujourd'hui.

J'ai créé en 2008 le blog http://2000watts.org/ pour suivre cet univers.

Areva : Le suicide français

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Existe-t-il des similitudes entre la mort annoncée du géant nucléaire français Areva et la quasi disparition de l’industrie photovoltaïque européenne ? A première vue, non. Mais en regardant du côté de Pékin, nous constatons une systémique et un soutien sans faille du régime pour les technologies énergétiques.

Cependant le suicide d’Areva est d’abord français grâce à une stratégie mégalomane et arrogante de la filière de l’atome made in France.

Sûr d’un savoir-faire unique et désiré, la France a tout misé sur la construction de centrales EPR géantes, symboles de la démesure, alors que les Russes ou les Coréens offrent des systèmes simples, bon marchés et maîtrisés avec la garantie d’approvisionnement en uranium qui se fait de plus en plus rare.

Le Nucléaire français est noyé sous les dettes

La perte colossale de 4,8 milliards d’euros en 2014 a sonné le glas d’Areva bien que déjà plus de 7 milliards d’euros d’actifs avaient été discrètement cédés et transvasés dans les caisses pour donner une image plus reluisante des comptes pourtant vides. Le renvoi de l’ancienne conseillère de François Mitterrand, Anne Lauvergeon (1999-2011) allait permettre de révéler l’amplitude de la fuite en avant et l’ampleur du naufrage.

L’annonce de la suppression de 18% des effectifs mondiaux d’Areva d’ici à 2017, (6’000 postes sur 44'000), ne pourra pas résorber le gouffre financier de l’entreprise à 87% propriété de l’Etat car la masse salariale ne représente que 3 milliards d’euros.

Par contre les pertes générées par les retards du chantier EPR d’Olkiluoto, en Finlande, qui dépasse les 5 milliards, la réalisation de l’EPR de Flamanville suit à l’identique l’exemple finlandais et les deux EPR chinois vendus à moitié prix (7 milliards euros pour les 2 unités) ne font qu’enfoncer l’entreprise dans une débâcle encore plus abyssale.



Un malade pourra-t-il sauver un autre grand malade ?

La roue de secours envisagée par le Gouvernement Hollande entérine la reprise de l’activité nucléaire d'Areva par EDF. Mais cette dernière croule sous plus de 41 milliards d’euros de dettes et l’Etat Français actionnaire à 85% est dans l’incapacité d’éponger ce gouffre créé au fil des ans.

Pour s’en sortir, la France n’aura pas d’autre choix que d’augmenter sensiblement les prix de l’électricité qu’elle brade depuis des années afin de donner l’illusion d’un eldorado atomique et de se tourner vers le seul marché nucléaire prometteur: la Chine.

La Chine : leader mondial du nucléaire

Totalement absente du système nucléaire civil il y a encore quelques années, la Chine a rattrapé son retard en exigeant le partage du savoir-faire avec les entreprises étrangères. Ainsi le premier EPR chinois a été réalisé par Areva mais le deuxième est conduit par les entreprises chinoises qui ont acquis gracieusement la technologie française.

Le juteux marché chinois de 100 nouvelles centrales a attiré les opérateurs du monde entier mais la désillusion est à la hauteur de l’espoir. Aujourd’hui la Chine propose à son tour des centrales, remporte des marchés et dévore ses concurrents.

Les deux groupes étatiques chinois, China National Nuclear Corporation et China General Nuclear Power ont montré leur intérêt pour entrer dans le capital d’Areva afin de sucer les dernières gouttes de savoir-faire et d’écraser définitivement, et à très bon compte, son ancien concurrent.

Cette stratégie rappelle l’enthousiasme des industriels occidentaux du photovoltaïque qui avaient cru entrevoir le paradis chinois pour finalement y trouver leur cimetière.
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