Des chercheurs ont examiné toutes leurs principales mesures de valorisation favorites dans un article universitaire consacré aux performances de différents portefeuilles, Analyzing Valuation Measures: A Performance Horse Race over the Past 40 Years.
EBIT (Eearnings Before Iinterest and Taxes) / TEV (Total Enterprise Value) : le bénéfice avant intérêts et impôts (BAII) / valeur totale d'entreprise.
EBITDA (Earnings before interest, taxes, depreciation, and amortization) / TEV
P/B ratio (Price-to-Book ratio connu aussi comme le Book-To-Market ratio) : le ratio cours / valeur comptable.
Bénéfices bruts / TEV
FCF (free cash flow) / TEV
Cette recherche sur l’investissement dans la valeur fait partie d'un travail universitaire plus large, mais il permet de mettre en avant un aspect de l’étude qui peut s’avérer utile pour ceux qui cherchent à sélectionner des valeurs décotées.
Ces experts concentrent leurs résultats sur l'EBIT / TEV, car c’est leur indicateur préféré pour identifier les valeurs décotées. Les résultats pour les autres indicateurs d'évaluation sont quantitativement similaires.
Comment cette simulation fonctionne-t-elle ?
Premièrement, ces chercheurs ont ventilées les actions en différents déciles d'évaluation, de 1963 à 2013, sur la base de l'EBIT / TEV. Cette recherche vaut uniquement sur les mid/large caps américaines afin d’éviter les donnée aberrantes (qui se trouve « loin » des autres observations statistiques) des micro/small caps.
Par exemple, s’il y a 1 000 actions, les actions 1-100 vont dans le premier décile ; les actions 101-200 vont dans le deuxième décile, etc.
Ensuite, ils on fait 1 000 simulations aléatoires sur des portefeuilles de 30 actions tirés du décile des actions cheap (pas chères) ou du décile des actions expensive (chères).
Par exemple, la simulation n ° 1 donne 30 valeurs aléatoires chaque mois à partir du décile supérieur et du décile inférieur de 1963 à 2013. Ce qui revient à peu près à dire, « nous allons avoir un singe qui va lancer 30 fléchettes » chaque mois au cours de cette période de 50 ans, afin d'établir chaque mois 30 portefeuilles d'actions différents. Une fois que notre singe a jeté ses 30 fléchettes chaque mois, nous aurons alors 600 portefeuilles mensuels distincts (12 mois ☓ 50 ans) et les chercheurs ont obtenu 18 000 (30 titres ☓ 600 mois) actions individuelles sélectionnées. Cela représente une simulation. Les chercheurs ont effectués 1 000 simulations pour le décile supérieur et 1 000 simulations pour le décile le plus bas.
Ils ont calculé les statistiques de performance pour chaque stratégie - value ou growth - simulée entre 1963 et 2013.
Chaque stratégie simulée représente les rendements qu’un investisseur value (qui achète décotée) ou un investisseur growth (qui achète des actions chères – des actions de croissance) serait en droit d’attendre pour l’ensemble de la période. Ils ont calculé les compound annuel growth rates (CAGR)- ou taux de croissance annuel composé -, l’écart-type, et le maximum drawdown - ou perte successive maximale.
Les auteurs ont ensuite compilé sous forme de tableaux les statistiques de performance pour toutes les 1 000 simulations effectuées.
A quoi ressemblent les rendements des portefeuilles value par rapports aux portefeuilles growth ?
Tout d'abord, penchons-nous sur la distribution des CAGRs. Remarquez qu'il n’existe même pas une possibilité pour qu’un portefeuille growth de 30 actions batte un portefeuille value de 30 actions. C’est réellement bluffant. En règle générale, lorsque vous exécutez 1 000 simulations aléatoires, vous obtenez des chevauchements dans les queues ou les extrêmes de la distribution.
De toute évidence, l'achat d’actions growth est dangereux en termes de rendements absolus.
A quoi ressemblent les risques pour l’approche value et l’approche growth ?
- La volatilité
Le tableau et les résultats ci-dessus montrent que les valeurs décotés battent les valeurs (couteuses) de croissance. Mais regardons les écarts-types des portefeuilles de nos singes lanceurs de fléchettes.
Tout d'abord, vous remarquerez que les écarts-types sont étroitement liés, même à travers les 1 000 simulations. Les histogrammes montrent aussi une autre découverte remarquable. Peu importe comment vous le coupez, mais détenir des portefeuilles d'actions de croissance implique une plus grande volatilité – tout du moins historiquement.
- Les Maximum Drawdowns
Enfin, que dire des maximum drawdowns associés avec les actions value et les actions growth ?
Le tableau ci-dessus suggère que les valeurs décotées protègent mieux du risque de baisse que les valeurs de croissance. Les gros drawdowns pour les actions value proviennent de la crise financière de 2008 ; alors que pour les actions growth, les plus grands drawdowns peuvent soit provenir de l'éclatement de la bulle Internet ou soit de la crise financière de 2008 - en fonction de la simulation effectuée.
Point important à noter : Toutes les stratégies impliquent de la volatilité et des pertes. L’investissement sur les marchés boursiers n’est pas fait pour les âmes sensibles.
Il n’existe tout simplement aucun moyen d'éviter des drawdowns quand on investi sur des valeurs décotées ou des valeurs de croissance.
Conclusion
On peut même simuler un scénario où un portefeuille diversifié de 30 actions de croissance peut battre un portefeuille performant composé de 30 actions décotées.
En bourse, la marge de sécurité est la seule règle d'investissement qui compte.
Je ne peux finir cet article sur l’approche valeur sans citer David Renan. « Chacun a ses limites. Je prends mon temps pour me développer », aime-t-il à rappeler à ceux qui suivent ses trades. Et ce qui est valable pour les grands est tout aussi valable pour les petits. J'ai fait récemment l'interview de David Renan (ici http://www.objectifeco.com/bourse/actions/mid-et-small-caps/je-mets-a-jour-ma-liste-de-valeurs-de-rendement-et-ma-liste-small-caps-pour-2016.html) qui vient de mettre à jour sa liste de valeurs de rendement et sa liste small caps pour 2016. Il réalise sur une décennie d'opérations probablement la moitié de ses gains avec une approche value. Il publie depuis des années sur ObjectifEco sa stratégie hebdomadaire et son portefeuille mensuel. Ceux qui voudraient aller plus loin, trouverons le détail de l'aventure ici http://formation.objectifeco.com/david-renan-lettre-hebdomadaire/. David Renan est la preuve vivante que l'approche value est difficile à mettre en œuvre avec constance, mais qu'elle marche à long terme. Depuis 3 années maintenant, il gagne entre 230.000 et 240.000 € par an en plus values.
Hervé