Le yoyo des prix du baril (de 100$-27$-50$) ont mis les investisseurs et les banquiers face à de lourdes pertes.
Comme un chat échaudé craint l’eau froide, le robinet financier, dans les productions les plus onéreuses et risquées comme le schiste, le offshore ou les sables bitumineux canadiens, se ferme.
Les Banques profitent de la crise pour changer de stratégie
Depuis la Conférence sur le Climat, COP21 de Paris, et sous la pression des actionnaires, plusieurs fonds d’investissements et certaines banques ont pris l’initiative de diminuer leurs expositions aux énergies fossiles.Les mentalités tendent à changer au niveau des CEO des grandes banques et des institutions financières. Alors qu’elles ne misaient que sur du greenwashing pour redorer leur blason, certaines profitent de la crise pétrolière pour passer à une étape supérieure.
La Deutsche Bank, championne des financements dans le charbon de 2013 à 2015 avec de plus de 7 milliards $ a annoncé, en mars, qu’elle allait sortir des investissements et dettes dans le domaine des mines et de l’exploitation charbonnière.
Citigroup avec ses 24 milliards $ d’investissements dans l’industrie du charbon se dit «supporter la transition vers une économie allégée en carbone et de continuer ses efforts pour réduire son exposition financière dans le secteur minier».
JP Mogran Chase tenait le haut du pavé pour les financements du pétrole extrême dans le offshore, les sables bitumineux ou le schiste avec 38 milliards $ entre 2013-2015. La Banque américaine emboite le pas avec l’arrêt du financement de nouvelles exploitations minières mais tout en restant dans les anciennes. Les bonnes intentions ont certaines limites.
Les Banques réfractaires
Quant à la Banque Nationale Suisse, elle a utilisé l’argent de ses citoyens pour injecter 3 milliards $ dans le charbon, le gaz et le pétrole de schiste aux USA. Cette politique de placement est d’autant plus surprenante qu’elle se heurte au code éthique de l’institution.Lors de la dernière assemblée générale en avril, son président Jean Studer (photo), a préféré jouer à l’autruche en refusant de répondre aux demandes des actionnaires sur l’implication de sa banque dans les énergies dangereuses pour l’environnement. Mais les pertes abyssales de la BNS, réalisées dans ce domaine, vont être difficilement justifiables face aux cantons actionnaires en manque d’argent.
Les deux autres géants suisse que sont l’UBS et le Crédit Suisse restent toujours encrés dans le fossile, mais les performances négatives du fossile pourraient faire pencher la balance.
Du côté français, BNP Paribas ne s'embarrasse toujours pas d'éthique, et continue son chemin comme si de rien n'était.
Influencer Google comme stratégie
En faisant des recherches sur Google sur l’implication de ces banques dans leurs investissements fossiles, les résultats témoignent des efforts fournis par les responsables de communication pour influencer artificiellement les moteurs de recherche.Cette couche artificielle de vernis vert est déjà une étape mais elle sonne de plus en plus faux aux oreilles des actionnaires et de leurs clients surtout que les pertes s’accumulent même si le baril a repris 95% depuis le début de l’année.
La baisse des investissements va faire remonter les prix du baril
Pour l’année à venir, la production pétrolière mondiale devrait diminuer de 4% (-3,6 millions barils/jour) et annihiler le surplus actuel pour retendre les prix sur les marchés et peser sur la croissance mondiale.En 2016, ExxonMobil ne va investir que 23 milliards $ (42,5 milliards en 2013).
Chevron suit la même tendance avec 23 milliards $ en 2016 (41.9 en 2013) et le mouvement est identique à travers le monde.
Même si les prix tutoient la barre des 50$, la sagesse va certainement pousser les majors à attendre pour voir, d’autant qu’elles ont intérêt à ce que la pénurie à venir pousse les prix vers de nouveaux sommets.
D’ici là, de plus en plus de banques devraient annoncer leur sortie du fossile à moins que la perspective de nouveaux profits les confinent à jouer avec Google.