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Thibault Doidy de Kerguelen

Thibault Doidy de Kerguelen

Je suis président de la Compagnie Financière et Patrimoniale de Normandie. Vous pouvez me suivre sur mon site http://maviemonargent.info/

Le point sur GROUPAMA

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Deux informations mettent Groupama au devant de l’actualité.

  • La première est l’annonce par le directeur général de Groupama SA, Thierry Martel, du non versement de 63 millions d’euros de coupons sur des titres super-subordonnés à durée indéterminée (TSSDI ou TSS) sorte d’obligations perpétuelles) le 22 octobre prochain. Cette somme sera affectée au renforcement des fonds propres du groupe afin d’atteindre l’objectif d’un ratio de solvabilité (niveau de fonds propres rapporté aux exigences minimales du régulateur) de 120% en fin d’année.
  • La seconde est la conséquence de la première. L’agence Fitch a abaissé de deux crans les notes de solidité financière de l’assureur français Groupama SA de « BBB » à « BB+ », et de sa dette à long terme de « BBB- » à « BB », les deux étant assorties d’une perspective négative, donc susceptibles d’être prochainement à nouveau abaissées.
Ces deux informations sont parfaitement compréhensibles. La première résulte de la nature structurelle de Groupama. Groupama SA n’est pas une société cotée mais l’émanation de sociétés mutualistes. Fitch aurait-elle réagi de la même manière, a-t-elle réagi de la même manière, lorsque des banques choisissent de ne pas verser de dividende ? Ne pas payer ces coupons procède de la même gestion. Si, techniquement, Groupama, ne fait pas défaut, puisqu’une clause contractuelle lui permet de ne pas payer ces coupons, il n’en demeure pas moins que cette décision est un nouveau révélateur de la profondeur de la crise et de l’ampleur des dégâts au sein de ce qui fut le second assureur de France. Rappelons les principaux événements du feuilleton qui ont amené Groupama à :

Vous le voyez, si cette décision de ne pas payer les coupons d’octobre peut paraître logique dans le cadre juridique et structurel de Groupama, il n’en demeure pas moins qu’elle vient après une sévère cure d’amaigrissement qui n’a pas, à elle seule, permis de reconstituer les fonds propres. Souvenons nous que l’objectif annoncé en fin d’année dernière était d’atteindre un ratio de solvabilité de 150%. L’objectif annoncé désormais est de 120%. Les seules cessions de Gan Eurocourtage et de SIllic étaient présentées comme suffisantes (ce que tous les observateurs avaient jugé douteux, surtout dans le contexte de ces cessions), ce sont quasiment toutes les filiales qui sont vendues les unes après les autres et finalement, avec l’effet désastreux que cela peut avoir, les coupons d’octobre qui ne sont pas payés.

L’image qui ressort de cette décision est que la situation n’est pas sous contrôle. Comme à Fukushima, on nous annonce régulièrement de nouvelles interventions de pompiers, d’experts, mais il semble bien que le cœur continue de chauffer dangereusement.

Dès lors, il semble logique pour une agence de notation de dégrader la note d’un tel établissement. D’autant que Thierry Martel n’a rien communiqué concernant le coupon de juillet 2013, lui aussi optionnel, et qu’en bonne logique les investisseurs se disent que s’il ne prend pas la peine de les rassurer, c’est qu’il existe un risque que ce coupon ne soit pas non plus versé. Bien sûr, cela va entraîner la rétrogradation de Groupama Gan Vie et de Gan Assurances. Et là, les conséquences en termes d’encours peuvent être significatifs. En effet, bon nombre de clients institutionnels (organismes de prévoyance, associations, collectivités) n’ont pas le droit ou ne respectent plus les règles prudentielles de leur comptabilité si elles placent leurs avoirs auprès d’organismes financiers notés spéculatifs. Il n’y aurait donc rien d’étonnant de voir des sorties relativement importantes de la part de ces clients dans les jours ou les semaines à venir. Notons d’ailleurs à ce propos que Fitch était la seule agence à ne pas avoir encore classé Groupama en spéculatif, les autres agences l’avaient déjà fait depuis plusieurs mois.

Pour expliquer sa décision, le directeur général de Groupama évoque une « démarche d’équité » car « après avoir demandé des efforts à nos partenaires mutualistes et aux salariés du groupe, il nous paraissait assez légitime de mettre à contribution nos partenaires financiers ». Espérons qu’il ne s’agisse pas là de la dernière cartouche, car ce n’est certainement pas avec l’image que Groupama vient de donner qu’il lui sera facile en cas de besoin, de trouver de nouveaux partenaires ou investisseurs. Seul au monde par gros temps avec les voiles qui se déchirent et le safran qui lâche. Quand je disais que c’est Cammas qu’il fallait qu’il mettent à la place d’Azeyma !

Enfin, « jusque là, tout va bien… »
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