Le bottom-feeding – appelé également bottom-fishing : c’est tout simplement le principe d’investissement dans la valeur : acheter quand le prix proposé par le marché est largement inférieur à la valeur intrinsèque. Une approche sur le long terme.
Mardi 8 décembre, Kinder Morgan a fait une annonce étonnante : la réduction drastique de son dividende trimestriel de 75% - de 51 cents par action à 12,5 cents. Un coup dur pour les investisseurs qui avaient patiemment maintenu Kinder Morgan Partners dans leurs portefeuilles pendant des années - avant que celle-ci ne soit englobée dans la société mère en novembre 2014.
Lorsque Kinder Morgan a annoncé qu'il allait acquérir Kinder Morgan Partners et deux autres opérateurs de pipeline, deux partenariats dans lesquels Kinder Morgan était le partenaire général (le commandité), en août 2014, les actionnaires des entités partenaires (les sociétés en commandite) ont réalisé qu'ils étaient confrontés à d’importantes conséquences fiscales. Mais beaucoup n’ont pas bronché car le plan de la nouvelle entité prévoyait le paiement d’un dividende trimestriel d'au moins 50 cents par action, et une augmentation des futurs versements dans les années à venir.
Mais les choses ne sont pas déroulées de cette façon.
Les exploitants de pipelines bénéficient de contrats à long terme. Cependant, l'OPEP a poursuivi sa stratégie de défense de part de marché - au détriment des producteurs de pétrole américains exploitant les schistes bitumineux - en ne suivant pas la traditionnelle politique du cartel pétrolier de réduction de la production pendant les périodes de faible demande.
Cela signifie que les opérateurs de pipelines font face à la baisse des prix pour leurs services, et ce dans la période de renouvellement de leurs contrats. Les prix du gaz naturel sont faibles, en baisse de 46% au cours de l'année écoulée sur le New York Mercantile Exchange, selon FactSet :
Au cours de la dernière année, les prix du gaz naturel ont chuté encore plus rapidement que ceux du pétrole.
L’action Kinder Morgan a clôturé, mardi 8 décembre, à 15,72 $, et le rendement du dividende, sur la base du précédent taux de distribution de 51 cents par trimestre, a fait un énorme bond de 12,98%. Il était donc clair que les investisseurs s’attendaient à une baisse du dividende. Depuis le début de l’année jusqu’à cette date, les actions ont plongé de 61%.
Et cela a peut-être été une surprise pour certains de voir le cours de Kinder Morgan se relever de 10% le lendemain, mercredi 9 décembre. Mais cette réaction s’apparente à un signe d'enthousiasme chez les investisseurs à long terme, qui sont peu soucieux du dividende, et qui sont plutôt ravis de voir la société consolider ses flux de trésorerie - en vue de projets d’expansion et du maintient de sa cote de crédit.
Certains analystes de Wall Street ont abaissé leurs notes et les objectifs de prix sur 12 mois pour Kinder Morgan, après la coupe sèche du dividende. Les analystes situés côté vente restent généralement confinés à une perspective sur 12 mois - qui n’est pas très utile pour les investisseurs à long terme. Les analystes ont également souligné à juste titre que Kinder Morgan a été vue comme une entreprise à dividende par de nombreux investisseurs.
Est-il temps d’intervenir ?
La grande question pour les investisseurs aujourd'hui c’est : Quand le prix du pétrole va-t-il rebondir ? En tout état de cause, cela prend plus longtemps que prévu – car certains analystes s’attendaient à une baisse de l’offre mondiale de pétrole. Aux États-Unis, les producteurs de pétrole issu de schistes bitumineux sont, bien sûr, sous le choc de la baisse des prix parce que leurs coûts d’exploitation sont plus élevés que ceux des traditionnels puits de pétrole de l'Arabie saoudite et d'autres producteurs de l'OPEP.
Meb Faber, co-fondateur et directeur des investissements chez Cambria Investment Management, a fait quelques commentaires intéressants au cours d'une interview sur Bloomberg. Alors qu'il s’intéressait tout particulièrement au charbon, car les prix de ce combustible sont en baisse depuis plusieurs années, ses statistiques sur la façon dont les marchés des matières premières ont chuté et se sont repris depuis 1920 sont fascinantes.
Cela fait seulement un an et demi que nous sommes entrés dans la période que l’on connait de faibles prix du pétrole - mais si vous supposez que cela va durer pour toujours, vous pourriez y laisser pas mal d'argent sur la table.
Une façon de miser sur le rétablissement à long terme des cours du pétrole, et cela signifie avoir le courage de poursuivre ce qui pourrait facilement être un pari de cinq ans, serait de commencer petit et d’accumuler d’avantage si les prix poursuivent leur baisse. Vous pourriez faire un pari relativement conservateur à long terme, via l'achat d’actions de grandes compagnies pétrolières qui sont toujours rentables, ont beaucoup d'argent et sont sûrs de ramasser des actifs pas chers avant le rebond des cours du pétrole. Les deux grands acteurs américains dans cette catégorie sont Exxon Mobil Corp. (XOM) et Chevron Corp. (CVX).
Vous pouvez également acheter des actions des energy LPs (pour limited partners), même si elles sont normalement des entreprises à dividende. Il ne fait aucun doute que les investisseurs s’attendent à voir d'importantes réductions de dividendes (puisque les rendements sont si élevés), et les parts des sociétés en commandite (que nous appellerons « actions » pour plus de facilité) ont subi une saignée au niveau des prix cette année.
Pour présenter une liste décente des energy LPs à haut rendement, mûres pour des réductions de dividendes et qui vont éventuellement rebondir fort lorsque les prix des énergies fossiles finiront par se reprendre, voici les 10 energy LPs avec les plus hauts rendements des États-Unis et qui ont une capitalisation d'au moins 10 milliards de $ :
Entreprise |
Symbole |
Secteur |
Rendement de l'action |
Variation des prix - 2015 |
NGL Energy Partners LP |
NGL |
Pipelines de pétrole et de gaz |
24,22% |
-62% |
Targa Resources Partners LP |
SLNG |
Raffinage de pétrole / Marketing |
20,40% |
-66% |
CVR Refining LP |
CVRR |
Raffinage de pétrole / Marketing |
19,97% |
20% |
Alliance Holdings GP LP |
AHGP |
Charbon |
18,93% |
-67% |
Ressources Alliance Partners LP |
ARLP |
Charbon |
17,95% |
-65% |
Alon USA Partners LP |
ALDW |
Raffinage de pétrole / Marketing |
16,42% |
85% |
Northern Tier Energy LP |
NTI |
Raffinage de pétrole / Marketing |
16,15% |
16% |
Enable Midstream Partners, LP |
ENBL |
Raffinage de pétrole / Marketing |
15,23% |
-57% |
Williams Partners LP |
WPZ |
Production pétrolière et gazière |
14,73% |
-55% |
DCP Midstream Partners LP |
DPM |
Pipelines de pétrole et de gaz |
14,50% |
-53% |
Cela fait une liste assez diversifiée : des producteurs de pétrole issu de schistes bitumineux, des raffineurs et des opérateurs de pipelines, ainsi qu’un producteur de pétrole. Trois des raffineurs de cette liste sont effectivement dans le vert cette année.
Et après ? Les réductions de dividendes c’est une chose. Vous devriez également commencer à faire vos propres recherches et étudiez lesquels de ces energy LPs semblent toujours viables à long terme. Si vous achetez aujourd’hui et que vous maintenez votre position sur une longue période, vous pourriez vous retrouver avec un excellent investissement avec de bonnes chances de croissance. Comme l'industrie se rétablit et que les paiements des dividendes emboîtent ce pas, vous pourriez même constater des rendements de dividendes étonnants, basés sur les prix au rabais que vous avez payés – et ce avant que tout le monde ne comprennent qu’un rebond arriverait.